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PROCEZ VERBAL DE N. POULAIN. 4-»'5
forces par la porte Saint-Denys, qui étoit à leur dévotion : qu'étans entrez, ils devoient défaire le duc d'Es-pernon, qui faisoit la ronde à Paris depuis dix heures du soir jusques à quatre heures du matin ; et qu'ils avoient gagné deux hommes des siens qui le devoient tuer : qu'ils étoient bien assurez que si-tôt qu'il enten-droitle bruit des chevaux, il ne faudroit d'y courir, et que c'étoit là où ils le vouloient avoir ; que de là ils iroient droit au Louvre rompre les gardes du Roy et se saisir dudit Louvre, et que les capitaines de la ville se tiendroient chacun en son quartier à garder et faire barricades, hormis trois mil hommes que ledit Le Clerc devoit mener par la ville pour aller aux bonnes et fortes maisons; et me pria de tenir la compagnie prête que je leur avois promise pour marcher avec lui, et que je le suivrois par tout où il iroit ; que la promesse qu'il m'avoit faite ne manqueroit point, et qu'il auroit le moyen, par la grace de Dieu, de l'effectuer : car il me feroit gagner ce jour-là, pour ma part, vingt mil écus. Et après avoir été si longuement avec lui, où il me tardoit beaucoup, je pris congé, sans toutesfois oublier rien de tout ce qu'il m'avoit dit.
Etant retourné à mon logis, songeant aux moyens que je pourrois tenir pour empêcher cet abominable dessein, et comme je pourrois parler au Roy secrètement, sans être apperçu et découvert : après avoir fait ma priere à Dieu, sortant de ma maison, je trouvai un mien ami nommé Pinguër, à présent huissier du conseil, que je connoissois pour politique, auquel je demandai s'il sçavoit point quelqu'un qui me pût faire parler au Roy secrètement. Il me fit réponse que oui, et fut incontinent trouver le seigneur de Petremol, qui
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